Faire Paris – Marseille à vélo permet de traverser une bonne dizaine de départements français et de découvrir le territoire. C’est aussi remettre en perspective les distances géographiques quand le même trajet en TGV prend 3h30. Cette traversée entre les deux plus grandes villes françaises nous a permis de redécouvrir à quel point la France est belle. Entre Loire et Rhône, ce voyage fait la part belle aux cours d’eau et présente donc peu de dénivelé positif.
Le suivi des cours d’eau permet aussi de ramener de l’humanité dans le déplacement, on avance au gré des flots. Ce trajet à vélo a aussi une dimension symbolique puisqu’il emprunte une bonne partie de la Route Bleue, ancienne route des vacances avant que ne soient construites les autoroutes.
La trace fut assez facile à tracer avec une volonté de faire le trajet en un temps « record ». Malgré cela, elle ne sacrifie pas la beauté et la diversité des paysages entre les grandes plaines céréalières du nord et le relief méditerranéen accidenté. Le point de départ est tout naturel, à savoir le point de départ des routes françaises, le parvis de Notre-Dame. En effet cet endroit marque le kilomètre 0 des principales routes de France.
Nous avons effectué ce voyage en 4 jours dont nous faisons ici le récit. Néanmoins, la vitesse peut être modulée pour aller encore plus vite ou au contraire prendre le temps et faire des étapes plus courtes.
La Loire, le Rhône et le vent
Jour 1 : Paris – Cosne-Cours-sur-Loire (192,6 km – 1 246m D+)
Nous partons tôt de Paris. Le rendez-vous est donné sur le parvis de Notre-Dame-de-Paris, en travaux suite à l’incendie qui a ravagé l’édifice. Nous sortons de Paris par le sud et longeons les voies du tram à Choisy-le-Roi et Vitry-sur-Seine. Le parcours n’est pas des plus beaux pour sortir de Paris mais permet de sortir rapidement de l’agglomération et de contourner l’aéroport d’Orly. Après un dernier passage délicat au niveau de Corbeil-Essonnes en raison de la circulation automobile, nous voilà enfin à la campagne dans le parc régional du Gâtinais français. On se sent enfin à la campagne sur nos vélos, les champs de blé sont bien secs et déjà moissonnés en ce mois d’août. On réalise enfin l’ampleur de la traversée que nous allons effectuer, 50 kilomètres derrière nous, 800 devant. Heureusement le vent est un peu avec nous.
Après un premier arrêt au bord d’un canal, nous repartons vers le sud direction la Loire. Nous rejoignons le fleuve au niveau de Briare, il se présente devant nous majestueux et serpentant dans le paysage. Bien qu’à des centaines de kilomètres de l’embouchure, on sent déjà ici la grandeur du plus long fleuve français.
La fin de la sortie s’effectue le long de la Loire sur de superbes pistes cyclables et on commence à deviner les coteaux du bord de Loire avant d’arriver à Cosne-Cours-sur-Loire. Cette première étape nous a permis de bien avancer notre progression sur un terrain plutôt favorable.
Jour 2 : Cosne-Cours-sur-Loire – Roanne (222,9 km – 1 095m D+)
Après une bonne nuit et un bon repas à Cosne-Cour-sur-Loire, nous partons encore de bonne heure malgré le retard de la tenancière de l’hôtel pour la livraison des petits-déjeuners. Le paysage change par rapport à la veille. La vigne est omniprésente et des noms connus résonnent. Nous apprécions le vignoble du Sancerre quand un premier ennui mécanique survient, un bris de chaîne qu’il nous faut réparer. Après avoir raccourci la chaîne, nous repartons direction Nevers. La ville est plutôt jolie mais nous nous y attardons pas, pour rejoindre le canal le long de la Loire.
Nous croisons pas mal de cyclistes le long du canal ainsi que de nombreuses péniches sur l’eau. A chaque écluse, le département met à disposition de l’eau pour les cyclistes ce qui nous permet de nous ravitailler facilement. Le canal est un excellent spot de cyclotourisme mais nous finissons par trouver le tout monotone après une quarantaine de kilomètres le long de celui-ci. Puis nous bifurquons pour emprunter les routes d’un autre département : l’Allier. Le vent est toujours plutôt favorable ce qui nous permet d’avancer à bonne vitesse mais nous rencontrons des difficultés pour trouver de quoi manger le midi. Finalement c’est dans un petit village que nous sommes accueillis par deux personnages truculents, Cyril et Stéphane, avec qui nous discutons longuement. Ils sont surpris de nous croiser ici, nous aussi de découvrir ce petit village de l’Allier et des gens si sympathiques. Après quelques courses faites dans la supérette de Cyril et la dégustation du pâté de la maison, nous repartons pour rejoindre Roanne. Le paysage commence à devenir de plus en plus valloné et l’arrivée à Roanne se fait sans encombres. Nous mangeons un très bon repas à Roanne après cette très longue sortie vélo. La moitié du parcours est déjà faite et les paysages défilent très vite.
Jour 3 : Roanne – Valence (183,3 km – 1 983m D+)
Dès la sortie de Roanne la route s’élève et les paysages sont complètement différents. Nous arrivons rapidement sur un terrain plus accidenté. Aujourd’hui nous allons rencontrer plus de dénivelé. Les vallons sont superbes à traverser dans la lumière rasante du matin, il ne fait pas trop chaud en plus ! Après des kilomètres très vallonés dans le Roannais puis le Forez nous arrivons à Saint-Etienne que nous traversons à vélo. Nous prenons un café sur la Place Jean Jaurès avant de nous attaquer au plus grand col du parcours, le col de la République (1 161m). Il s’agit du premier col de plus de 1000 mètres franchi par le Tour de France. La montée n’est pas si facile mais très régulière et le pied présente les rampes les plus importantes. Il permet de franchir le parc régional du Pilat et de quitter définitivement la Loire pour le Rhône.
Nous effectuons la descente à vive allure sur une belle route avant de rejoindre les contreforts de l’Ardèche. C’est un coin magnifique pour faire du vélo ! Nous commençons à ressentir fortement le vent annoncé à la météo, heureusement il est avec nous. Nous entendons les premières cigales, signe que le sud est proche dès Annonay puis nous rejoignons le Rhône en longeant le canyon de la Cance. La route est magnifique et parsemée de superbes ponts et ravins.
Une fois dans la vallée du Rhône, le trajet n’est plus bien compliqué. Il faut descendre encore et toujours vers le sud. La circulation se fait plus dense voire trop dense dans l’après-midi. Par ailleurs, nous passons à côté d’un accident qui fait froid dans le dos avec un chauffard qui a embouti et détruit pas moins de quatre voitures dans sa fuite. Nous arrivons finalement à Valence après une nouvelle belle journée de vélo.
Jour 4 : Valence – Marseille (212,0 km – 1 653m D+)
Les prévisions météo sont formelles, un fort mistral est annoncé avec un véritable couloir de vent favorable jusqu’à Marseille. Nous nous sentons enfin dans le sud. Après Valence, nous traversons la Drôme et rencontrons un peu de dénivelé avec la côte d’Aleyrac. Le vent nous pousse et favorise grandement notre progression. Heureusement puisque les jambes commencent à être lourdes après plus de 600 kilomètres en 3 jours. Quand on s’arrête les vélos ne tiennent pas en place et se couchent à la moindre rafale. Nous devons même nous cramponner fortement au guidon pour tenir notre ligne dans les bourrasques.
La traversée de la Drôme est magnifique et les couleurs chatoyantes. Puis, nous bifurquons pour traverser le Luberon. Le soleil est très présent en ce mois d’août mais le Mistral rafraîchit bien l’atmosphère. Après quelques dernières côtes pour sortir du Luberon, les panneaux affichant Marseille se font plus nombreux. Les odeurs changent aussi et on peut sentir le parfum de la végétation méditerranéenne. Alors que Marseille est tout proche, un nouveau bris de chaîne intervient sur la chaîne de vélo réparée deux jours plus tôt, au niveau de Plan-de-Campagne. C’est la dernière côte avant Marseille et nous sommes obligés de réparer à la hâte au bord de la route.
Après une descente rapide depuis les arrondissements du Nord de Marseille, nous apercevons enfin la Joliette. Quatre jours nous ont permis de relier Paris à Marseille en vélo ! Nous profitons des derniers instants en terminant par le Vieux Port et la corniche. Les touristes sont nombreux en ce mois d’août post-confinement, nous aussi nous sommes à Marseille ! Cela paraissait fou quand nous avons décidé d’effectuer cette traversée, finalement le défi sportif est rempli, bien aidé par le vent favorable sur la fin notamment.
Préparation et parcours
Équipements pour 4 jours de vélo à travers la France
Nous avons fait le choix de faire ce trajet en dormant à l’hôtel ou dans des auberges. Nous avons donc pris un équipement minimal et transporté le tout dans une sacoche de bikepacking accrochée au vélo. Etant donné le faible dénivelé de ce trajet, vous pouvez envisager le fait d’emporter un peu plus d’affaires que nécéssaire.
Conseils & Traces GPX (Paris – Marseille à vélo en 4 jours)
Comme expliqué précédemment, le parcours de ce Paris – Marseille à vélo épouse le trajet de la Route Bleue, l’ancienne route des vacances. Il ne présente pas de difficultés particulières mis à part le col de la République après Saint-Etienne. Beaucoup de kilomètres s’effectuent sur des pistes cyclables ou des voies vertes. Ainsi, vous évitez la circulation automobile. Ce parcours peut être effectué en seulement quelques jours si vous êtes un cycliste entraîné et rompu aux longues distances. Les cyclotouristes peuvent aussi se lancer ce défi pour rejoindre Marseille à vélo. Il est bien évidemment faisable dans l’autre sens à condition de faire attention aux prévisions météorologiques et en particulier au Mistral qui peut être très défavorable dans la vallée du Rhône.
Les villes de départ et d’arrivée sont évidemment desservies par le TGV et le trajet retour est plutôt facile et rapide à faire. Le ravitaillement ne pose pas de problème particulier à condition de bien faire attention dans les départements avec une densité de population moindre (Allier, Loiret ou Ardèche).
Retrouvez la trace complète du Paris – Marseille à vélo en GPX :
Etape 1 – Etape 2 – Etape 3 – Etape 4
Crédit photos : Bikeci.com
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