Une équipe de 6 cyclistes se forme rapidement pour effectuer ce tour de Corse à vélo. Il faut dire que la période (début mai avec des jours fériés) et le parcours finissent de convaincre les plus indécis. Les niveaux en vélo sont plutôt disparates mais ce n’est pas l’esprit de compétition qui nous animera. Nous sommes davantage intéressés par l’expérience cycliste et la découverte en vélo des sublimes paysages corses. Il existe plusieurs alternatives et plusieurs parcours déjà existants pour faire le tour de Corse en vélo pourtant nous traçons assez facilement nos étapes puisque nous avons pour seule contrainte le fait de partir de Marseille. Le format choisi est assez sportif : nous comptons faire le tour en 5 jours de vélo. Nous réservons nos billets auprès de la Méridionale et payons un léger supplément pour embarquer nos vélos de route chargés dans la soute.
La fine équipe se retrouve la veille pour avaler un dernier déjeuner copieux à Marseille, effectuer les derniers réglages sur les vélos et les nettoyer brièvement. Nous prenons ensuite tous ensemble le bateau. Nous étions un peu anxieux à l’idée de faire la traversée avec les vélos mais finalement nous parvenons à les stocker facilement dans le bateau. En effet, on nous a proposé de les laisser dans une salle prévue à cet effet et sous une caméra. Nous les avons attachés entre eux pour éviter qu’ils ne tombent en cas de houle marine pendant la traversée.
Finalement, la traversée est relativement calme et la mer très calme. Cela nous permet de dîner et dormir assez facilement et nous arrivons même un peu en avance à Ajaccio.
Ajaccio – Porto Vecchio : 182 km (2476 m D+)
Après la nuit calme sur le bateau de la Méridionale, nous arrivons tôt le matin à Ajaccio par un temps doux et ensoleillé. Nous avons déjà hâte de parcourir les premiers kilomètres à vélo en terre corse et sommes prêts à en découdre. Nous engloutissons un petit-déjeuner copieux (dont un succulent gateau artisanal à la poire) et partons direction le sud et Bonifacio. Les premiers kilomètres relativement plats se font vent dans le dos ce qui nous permet de progresser très rapidement sur cette première partie puis les premières montées apparaissent !
La Corse c’est très rarement plat et il faut s’attendre à être confronté à des ascensions assez fréquemment. Pour ce premier jour elles ne sont guère très longues. Il fait déjà chaud pour début mai et l’ensemble du groupe est déjà en cuissard et maillot courts. Après une première matinée à découvrir la beauté des paysages corses nous décidons de nous arrêter vers Figari pour nous ravitailler. C’est l’occasion d’un premier bain rafraîchissant qui ne sera pas le dernier. Pour l’après-midi cap sur Bonifacio et Porto-Vecchio, la cité du sud de la Corse est superbe, il faut dire que la citadelle de Bonifacio domine majestueusement son port. Nous en prenons encore plein les yeux avant de finir à toute vitesse vers Porto-Vecchio sur une route vallonnée et rectiligne.
Porto-Vecchio – Corte : 186 km (3860 m D+)
Pour ce deuxième jour de vélo, nous faisons encore le choix de partir tôt. Il faut dire que le menu qui nous attend est plus copieux que la veille, pas forcément en kilométrage mais surtout en matière de dénivelé avec pas moins de 3 cols à franchir à vélo. La longue sortie de la veille se fait sentir dans les jambes et la journée s’annonce corsée.
Nous quittons le bord de mer dès le début de la sortie pour attaquer le col de l’Ospedale (14,1 km à 6,3%) qui est donc la première grande ascension de ce tour de Corse. Puis, dans la foulée nous escaladons le col de Bavella (8,9 km à 5,2 %). Les aiguilles de Bavella n’usurpent pas leur réputation, elles sont magnifiques. Elles dominent majestueusement le paysage et sont véritablement saillantes. Ce passage était selon nous incontournable dans notre périple et nous ne nous étions pas trompés.
S’en suit une longue descente jusqu’à la mer et Solenzara où nous nous ravitaillons généreusement puisque les kilomètres restants sont encore nombreux. Le bord de mer qui permet de rejoindre le pied de la prochaine difficulté est avalé rapidement, il faut dire que le vent aide un peu et qu’un cyclomoteur toujours bridé nous offre temporairement un abri. Le dénivelé revient vite en Corse et nous attaquons désormais le col de Sorba (10,1 km à 6,4%) qui n’est pas excessivement pentu mais assez long et usant.
Enfin, nous redescendons vers Corte. Les paysages sont très différents de ceux du sud de la Corse. Par un ultime effort nous rejoignons dans la montagne le charmant village de Castellare-Di-Mercurio où nous logeons pour la nuit. Le village est un village typique des montagnes corses avec des petites ruelles. Il semble endormi pourtant nous trouvons sans aucune difficulté auprès des riverains les quelques éléments manquants pour faire un barbecue.
Corte – Bastia : 180 km (3135 m D+)
Le lendemain nous repartons pour une nouvelle journée à travers la Corse en vélo. Direction Bastia cette fois. Le début de l’étape s’effectue dans les montagnes corses, la route ne fait que monter et descendre. Les routes sont même très étroites et nous croisons assez peu de voitures. A vrai dire le seul danger provient des animaux sauvages ou en semi-liberté, des vaches, des cochons, des sangliers ou des chèvres qui ont la fâcheuse habitude de rester sur la route dans des virages aveugles. La prudence est de mise donc.
Nous avons vraiment l’impression de rouler en plein coeur de la Corse. Les paysages sont toujours superbes, nous apercevons parfois la mer et à d’autres moments des sommets encore enneigés. Nous parvenons à trouver in extremis une échoppe ouverte pour se ravitailler entre midi et deux. Heureusement puisque l’après-midi semble très sportive avec deux cols au programme. En plus de cela, la chaleur se fait de plus en plus présente et la consommation de crème solaire devient exponentielle pour ne pas être dévorés par le soleil.
Nous montons le col de Bigorno (16 km à 4,6%) à un bon rythme en profitant tout de même du paysage. Le col est joli et offre quelques beaux panoramas.
Une fois au sommet, le vent se lève et des entrées maritimes menaçantes se font remarquer. Nous ne nous attardons pas et attaquons la descente rapidement pour rejoindre la dernière difficulté de la journée ! Le ciel se couvre et le vent se lève avant l’ascension du col de Teghime. Le col est exigeant surtout en toute fin d’étape. Nous manquons le superbe panorama sur Bastia au sommet à cause du brouillard et plongeons dans la descente rapidement puisque le ciel est très menaçant. Nous sommes accueillis un peu après Bastia par un corse fan de vélo avec qui nous échangeons longuement sur le voyage.
Bastia – Calvi : 169 km (2124 m D+)
Toute l’équipe sait qu’en se levant pour la quatrième étape la pluie nous attend. La météo était formelle et ne s’est pas trompée, il pleut et même beaucoup. Les mines ne sont pas très enjouées pourtant il va bien falloir rallier Calvi et ce quelque soit la météo. Nous attaquons le tour du cap Corse qui devait être un moment fort de notre aventure cycliste. Finalement on ne voit rien, il pleut énormément, il y a du vent et du brouillard. C’est la journée galère par excellence, celle pendant laquelle on se dit inévitablement “le vélo et moi c’est fini” avant de se raviser mais surtout celle dont on se souvient avec le sourire des mois ou des années plus tard.
Nous roulons pendant 100 kilomètres sous une pluie battante comme des robots jusqu’au golfe de Saint-Florent et enchaînons avec le désert des Agriates où la pluie se calme enfin. Nous pouvons enfin voir le paysage et c’est magnifique. Les kilomètres commencent à se faire sentir et les paysages sont bien différents de ceux du sud de l’île. Nous sommes encore trempés jusqu’aux os et la route est encore bien humide dans le désert des Agriates. L’après-midi, le sourire revient dans le groupe à mesure que le soleil se fait de plus en plus présent. Après une nouvelle longue étape nous rejoignons enfin Calvi où nous avons prévu de dormir au camping. Notre logement est au bord de la mer, c’est l’occasion d’un petit bain avant de prendre l’apéro et de se remémorer déjà les instants galères de cette journée.
Calvi – Ajaccio : 161 km (2390 m D+)
Comme nous avons choisi d’effectuer ce tour de Corse à vélo en seulement quelques longues étapes, ce cinquième jour est déjà le dernier. La veille nous avons regardé la météo, selon Windfinder le vent devrait être fort et de face (mince !) mais le temps au beau fixe. Nous partons dès le lever du jour de Calvi et profitons de la fraîcheur matinale. Nous longeons la côte ouest qui est très découpée et accidentée. Les vents viennent s’écraser contre les rochers en contrebas et le vent nous ralentit un peu. Nous avons un peu de marge mais il ne faut pas traîner puisque le bateau nous attend le soir pour retourner à Marseille déjà.
Les images de la côte ouest sont absolument magnifiques, c’est un plaisir immense de rouler sur ces routes et nous profitons bien de cette dernière journée. La route tourne énormément et offre constamment un beau panorama. A partir de Galeria, la route s’élève mais les pourcentages restent modérés. Au sommet, la vue sur le golfe de Girolota est impressionnante et la relative lenteur de la progression à vélo permet de réellement l’apprécier. La suite est tout aussi belle avec les calanques de Piana que l’on peut apercevoir de loin. Nous mangeons à Porto et enchaînons avec la montée vers les calanques de Piana (7,9 km à 5,1%). La montée se fait d’abord dans la forêt puis à travers des sculptures rocheuses ocres. Nous profitons du paysage mais montons tout de même à un bon rythme.
Après cette ascension, la route est relativement vallonnée avec un dernier col, la Bocca de San Bastiano (7,2 km à 5,6 %) pour rejoindre Ajaccio. Nous le montons tous ensemble à un bon rythme. Ce sont les derniers tours de roues de ce superbe voyage en Corse. L’avis du groupe est unanime, les corses étaient très accueillants, les routes et l’atmosphère parfaites. Nous rejoignons Ajaccio sans encombres pour terminer notre boucle. Nous arrivons un peu en avance ce qui nous permet de profiter un peu de la plage.
Pour finir, nous repartons vers Marseille avec une petite pointe de nostalgie sur le même bateau qu’à aller, avec le même équipage. La traversée avec les vélos est aussi facile au retour et on nous laisse stocker nos vélos dans une petite pièce isolée de la cale. Au petit matin nous débarquons à Marseille sur le continent avec pleins d’excellents souvenirs cyclistes en tête.
Préparation et parcours du tour de Corse à vélo
Équipements pour 5 jours de vélo à travers la Corse
Compte-tenu de la météo plutôt clémente à cette période de l’année, nous avons fait le choix de partir avec un minimum d’affaires. La taille de notre groupe de cyclistes (6 personnes) nous a aussi permis de mutualiser certaines affaires (outils, pneu de rechange, crème solaire) afin d’être relativement légers et de ne pas trop souffrir du poids de la sacoche dans les montées (qui sont très nombreuses en Corse, rappelons-le!). Comme vous avez pu le découvrir dans le récit, nous avons subi pendant une journée entière de très mauvaises conditions entre Bastia et Calvi. Nos équipements étaient un peu justes en raison de la pluie diluvienne mais sinon c’était très adapté pour les autres jours.
Nous nous sommes référés à la liste des équipements pour une courte aventure en bikepacking lors de notre voyage en Corse au mois de mai. Les températures sont un peu fraîches le matin et la pluie peut être présente mais la tenue courte est souvent de rigueur. Vous pouvez envisager prendre des manchettes et un coupe-vent pour compléter votre panoplie à cette période.
Conseils & Traces GPX (Tour de Corse à vélo)
Nous avons assez peu hésité lors du traçage de notre tour de Corse à vélo. Il y a plusieurs écoles et plusieurs traces déjà disponibles sur Internet à ce sujet. Pour des raisons pratiques, nous avons fait le choix de partir d’Ajaccio. En effet, c’était la seule destination possible pour nos dates au départ de Marseille. Les cols et les routes empruntés nous ont fait choisir le sens antihoraire pour faire le tour de la Corse à vélo mais il est tout aussi envisageable de le faire dans l’autre sens. Vous pouvez retrouver les traces au format GPX à la fin de l’article si vous souhaitez vous en inspirer pour votre prochaine aventure en Corse.
Globalement, le ravitaillement en eau et en nourriture est plutôt facile en Corse si on applique les règles de prudence de base (vérifier l’ouverture et les horaires au préalable). Les routes sont en bon état mais il faut faire attention aux animaux sauvages ou semi-sauvages (vaches, cochons, sangliers, moutons) très présents dans l’arrière-pays corse et qui ne manqueront pas de vous surprendre au détour d’un virage ! Soyez prudent donc lors des virages en aveugle dans les descentes notamment.
Il faut bien avoir en tête que la Corse est une île montagneuse. Seule la côte est de l’île présente un relief plutôt plat (entre Solenzara et Bastia), autrement le relief est très présent en Corse. Si le pourcentage de la pente n’est jamais incommensurable, le dénivelé est lui bien présent et ce sur l’ensemble des étapes du tour de Corse. Il est difficile de récupérer et le parcours est plutôt exigeant, de quoi ravir les cyclistes chevronnés ou les amateurs en quête de défi sportif. Cette aventure n’est en tout cas pas de tout repos.
La Corse devrait sans aucun doute figurer dans le haut de la liste de vos prochaines aventures à vélo. Le terrain et le paysage se prêtent très bien au bikepacking et les paysages sont magnifiques. En somme, même pour le cyclisme, l’Île de Beauté n’usurpe pas son nom !
Traces GPX : Etape 1 – Etape 2 – Etape 3 – Etape 4 – Etape 5
Manon
Bonjour et merci pour ce récit ! Comment avez vous transporter vos affaires d’un point A à un point B (rechanges, affaires de toilette…?). Sportivement.
Valentin Daumast
Bonjour Manon
Des sacoches que vous pouvez voir sur la photo principale. L’idée était de voyager de façon ultralight.